J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce blog d’un ami (JD Lagrange), partisan de hockey de (très!) longue date et résident de la Colombie-Britannique, intitulé Making The NHL Great Again. Je vous invite à le lire si vous comprenez l’anglais.
Ayant suivi le hockey pendant au moins 40 ans – mon plus lointain souvenir étant cette bagarre du Vendredi saint en 1984 au Forum de Montréal, alors que j’étais d’âge scolaire – je suis d’accord avec l’esprit du texte à 100%, car la ligue a besoin de grands changements, mais dans le détail c’est normal que nous ne soyons pas d’accord sur tous les points qu’il a mentionnés.
C’est pourquoi j’ai décidé de vous sortir mes propres suggestions, en vrac, afin j’espère d’améliorer la qualité du produit et redonner envie de retourner à l’aréna ou dans un restaurant-bar qui offre le match sur grand écran. Ce sont en quelque sorte mes réflexions.
Horaire, pauses et séries éliminatoires
Réduire l’occurrence des « dos à dos »
Ah, oui! Tout d’abord, que signifie « dos à dos »? C’est une traduction littérale par Claude Julien de l’anglais back to back, qui est restée dans notre vocabulaire.
Je sais que le calendrier est très long, mais l’introduction de pauses à Noël et pour le Week-end des étoiles semble avoir fait augmenter les séquences de deux matchs en deux soirs. Et dans trop de cas les équipes doivent voyager en avion. Je me demande s’il n’y a pas de lien avec la hausse des blessures chez plusieurs équipes. Tout compte fait, Cole Caufield a peut-être raison de râler contre ces matchs rapprochés. Puisque les gestionnaires d’aréna recherchent le profit et les gros spectacles, sachant que ces « dos à dos » sont entre autres dus à la programmation de spectacles entre les matchs de hockey, si la ligue refuse de diminuer le nombre de matchs dans la saison régulière je pencherais pour un changement au calendrier en devançant le camp d’entraînement à la mi-août (comme le junior majeur) et le début de la saison régulière à la dernière semaine de septembre.
Renforcer le rôle des divisions et favoriser les rivalités régionales
Sur ce point, je suis en porte-à-faux avec JD, je dirais même que je suis plutôt du même avis que Dominique Ducharme (lors d’une de ses chroniques à BPM Sports l’an dernier) sur l’importance d’avoir des rivalités régionales. Par exemple, dans l’Ouest du continent, je suis certaine qu’il aimerait beaucoup que « ses » Golden Knights de Las Vegas jouent plus souvent contre les Kings et le Kraken.
J’ignore quel est le ratio de matchs intra-division, intra-conférence et inter-conférence, mais je prioriserais sans hésitation les matchs entre équipes d’une même division quitte à en présenter moins contre la division voisine. Si au final le prix à payer est d’avoir uniquement 2 matchs par année contre les équipes de la division voisine, je peux vivre avec ça pour avoir plus de parties Canadiens-Bruins par saison.
Éliminer le wildcard
C’est trop compliqué, et même inéquitable pour une division sur deux de chaque côté. Personnellement, je préfère que les équipes reprennent le même format intra-division que nous avons vu lors de la pandémie de COVID-19. Ainsi, à chaque année, chaque division envoie une équipe championne dans le carré d’as pour la demi-finale. C’est, à mon avis, la recette idéale pour renforcer les rivalités régionales si on combine ce format de séries à davantage de matchs intra-division. Ou sinon, de façon absolue, on revient à la formule 1-8, 2-7, 3-6, 4-5 sans avoir de règle des 3 premiers par division et de deux équipes repêchées.
En bonus – plus d’équipes en séries
Avec 32 équipes (et probablement 34 ou 36 bientôt), je trouve dommage que la moitié ratent les séries à chaque année. Ajoutez à cela la minable course à la loterie qu’on observe depuis trop longtemps et le tanking pratiqué ouvertement par trop d’équipes à mon goût, et ça donne beaucoup de fans frustrés de ne pas voir leur équipe dans les séries pour un long moment. Sans parler des partenaires d’affaires qui font de l’argent lorsque l’équipe participe au moins au premier tour éliminatoire. Et puisqu’il est maintenant question d’une énième expansion, pourquoi ne pas permettre aux équipes des positions 9 à 12 de faire des tours qualificatifs avec les équipes aux 7e et 8e rangs comme on l’a vu en 2020 afin de compenser le plus de monde possible pour l’arrêt des opérations de la ligue en mars? En ce qui a trait au format même de ces tours qualificatifs, je ne sais pas trop comment départager 2 équipes repêchées sur les 6, mais ça permettrait à plus de formations de participer aux séries et, surtout, ça inciterait les équipes à faire plus d’efforts. Le principal inconvénient de ce système – du moins en ce qui me concerne personnellement – serait malheureusement d’oublier pour toujours les séries intra-division, mais cela n’empêcherait pas les rivalités régionales si on combinait ces tours qualificatifs à davantage de matchs intra-division.
Santé et sécurité des joueurs
Bagarres
Le règlement de l’instigateur est à abolir, c’est devenu ingérable. Mais puisque je ne vois pas le jour où les bagarres seront totalement absentes du hockey professionnel et que je vois encore moins le jour où nos joueurs les plus jeunes, les plus talentueux et même les gardiens de but pourront jouer tranquilles sans se faire barouetter, je crois que les bagarres doivent être punies simplement 5 minutes par belligérant et 2 minutes pour l’instigateur si c’est évident. Oubliez les inconduites de partie ou autres. Quant aux « justiciers », la seule manière de diminuer l’occurrence des actes de représailles – le fameux « code » – serait d’améliorer l’arbitrage…
Et je sens que comme pas mal de blogueurs, chroniqueurs, animateurs, commentateurs et autres « eurs », je me répète…
Département de la sécurité et sanctions
Fini, le seul préfet de discipline! Finies, les comparutions par téléphone! Je préconise plutôt une comparution, en présentiel, et diffusée sur les plates-formes numériques, du joueur devant un comité de discipline composé d’anciens arbitres, professionnels de la santé et anciens joueurs. JD a une excellente idée ici, et j’abonde dans le même sens.
Et j’insiste sur le présentiel, cela doit faire partie de la punition et les joueurs ont les moyens financiers de s’offrir des voyages en avion en masse.
Et j’insiste sur le caractère public de ces audiences, dans l’intérêt de tous.
Gestion des équipes
Plafond salarial
Le Canada est le meilleur bassin de joueurs et de partisans, mais il est défavorisé à cause de la météo, à cause de sa fiscalité et pour finir, à cause de sa devise.
C’est pourquoi je suggère que les équipes canadiennes bénéficient d’un bonus géographique de 30% sur le plafond salarial afin de permettre des salaires plus élevés, si ça peut servir d’incitatif pour attirer plus de bons joueurs de notre côté de la frontière, ou sinon de compensation pour l’impôt et les hivers rigoureux.
Entraîneurs
C’est devenu trop facile de les congédier! Je ne suis pas une militante syndicale extrême, mais j’ai déjà été déléguée syndicale pour aider mes collègues de travail dans le passé. N’étant pas trop fan des manifestations et moyens de pression, en revanche j’ai toujours aimé la protection d’une convention collective; et j’ai aimé rendre service, par exemple, à un collègue qui n’a pas été correctement rémunéré pour les heures supplémentaires qu’a approuvées son supérieur.
Les joueurs ont leur syndicat (l’Association des joueurs de la LNH ou NHLPA), et leur programme d’aide. Mais les entraîneurs n’ont qu’une association, et cette association n’a rien d’un syndicat. Pourquoi ne pas se constituer en unité de négociation? Au moins pour avoir un tantinet plus de protection, et un programme d’aide par la même occasion, ce ne serait pas de trop. Par exemple, le congédiement de Todd McLellan m’intrigue beaucoup. Les Kings de Los Angeles ont eu un début de saison spectaculaire et se voyaient sûrement dans le carré d’as, mais ils se sont effondrés. Que s’est-il passé à l’interne? M. McLellan a-t-il connu des difficultés personnelles? Un programme d’aide aurait-il changé les choses? Dieu seul le sait.
Dans la même veine, n’oublions pas que Judy Bowness, l’épouse de l’entraîneur-chef des Jets de Winnipeg, a eu un important problème de santé, ce qui a forcé son mari Rick à passer un mois loin de son équipe afin de lui venir en aide. J’ignore ce que les Jets lui ont offert comme congé, mais ce serait un élément pertinent à ajouter à une convention collective, étant donné que les entraîneurs sont généralement plus âgés que les joueurs.
Pointage et bris d’égalité
Je ne suis pas contre les tirs de barrage d’entrée de jeu, mais pour en avoir vu un s’éterniser le 13 décembre dernier au Centre Bell, j’aimerais qu’ils soient plus rares. Et surtout, comme mon ami en C-B, je souhaite qu’il y ait davantage d’incitatifs à gagner en temps réglementaire.
Prolongation allongée
Comme première étape avant l’abolition complète des tirs de barrage et l’élimination des « points de quêteux », je propose d’abord 5 minutes à 4 contre 4, ensuite 10 minutes à 3 contre 3, et finalement la fameuse fusillade s’il n’y a toujours pas de gagnant. Aucun changement au pointage, on reste à 2 points pour une victoire quelle qu’elle soit et 1 point pour défaite en bris d’égalité.
Pointage
Si la prolongation allongée ne diminue pas suffisamment le recours aux tirs de barrage après quelques années d’évaluation, là j’y vais pour l’abolition du loser point et des tirs de barrage comme le suggère un autre ami. Ainsi, une victoire en temps réglementaire donnerait 2 points, et une victoire en prolongation 1 point sans aucun point de compensation pour l’équipe perdante, et zéro si après les 10 minutes à 3 contre 3 on n’a pas de gagnant. C’est garanti que les prolongations seront plus rares!
Transactions, joueurs blessés, repêchages
En gros, diminuer le cirque des rumeurs et spéculations presque à longueur d’année avant la date limite, tendre vers davantage d’égalité des chances et mettre fin une bonne fois pour toutes au tanking, qui consiste à viser les dernières positions dans le classement pour obtenir le maximum de chances d’obtenir le 1er choix parmi les premiers rangs.
Interdiction d’échanger les choix de 1re ronde
L’échange récent de Sean Monahan m’attriste beaucoup, et cela même si cela rapporte aux Canadiens un autre choix de 1re ronde. C’est même pour moi la goutte d’eau qui fait déborder le vase quant aux reconstructions interminables au cours desquelles on échange pratiquement tout ce qui a plus de 25 ans pour avoir des choix, et ensuite on échange parmi le surplus de jeunes pour avoir des joueurs de plus de 25 ans. Ça ne finit plus! Pendant ce temps, le spectacle est minable au prix qu’on paie pour les billets et nos forfaits de câblodistribution. Comme première itération, je préconise la protection des choix de première ronde en en interdisant l’échange entre les équipes.
Interdiction d’échanger les joueurs sur la liste des blessés à long terme
On élimine le salaire de la masse salariale quand le joueur est blessé à long terme? On devrait éliminer également la possibilité de l’échanger. Je ne comprendrai jamais que Shea Weber ait été échangé des Canadiens aux Golden Knights, et ensuite des Golden Knights aux Coyotes, sachant qu’il ne jouera plus jamais au hockey.
La situation actuelle s’est récemment traduite par l’apparition de « cimetières de contrats », les Coyotes de l’Arizona entre autres. Gênant…
Interdire les échanges à 3 équipes
Il y en a toujours une qui sert de dump aux deux autres, par exemple en retenant une partie de salaire ou en héritant de joueurs à problèmes. OK, Kent Hughes a eu des choix et a réussi à se débarrasser de Jeff Petry après l’avoir récupéré dans un échange à trois, mais il doit payer une partie de son salaire. C’est bon, ça?
Étendre le plafond salarial aux séries éliminatoires
Je ne veux plus voir d’équipes qui réactivent des joueurs de la liste des blessés à long terme pour les séries afin d’avoir un avantage indu sur leurs adversaires. Le Lightning de Tampa Bay a disputé les séries éliminatoires de 2021 avec 18 millions de dollars américains au-dessus du plafond, ça fera bientôt trois ans. Je sais, il n’y avait pas que ça pour expliquer la défaite des Canadiens en finale, mais c’est injuste! Totalement injuste! Je dirais même que c’est un rare coup de salaud de Julien BriseBois.
Je crains d’ailleurs que l’Avalanche fasse le même coup avec son capitaine Gabriel Landeskog. Non seulement c’est inéquitable, mais s’il est en état de jouer, c’est carrément injuste pour lui même s’il est payé.
Éliminer carrément la loterie
Ça suffit, le tanking! J’en ai plus qu’assez!
On n’a plus le choix, il faut prendre les grands moyens. Alors, en plus d’interdire l’échange des choix de première ronde, on les attribue désormais 100% au hasard.
Oui, mes amis! 100% au hasard. C’est-à-dire, une boule par tête de pipe, égalité absolue des chances et tirage le lendemain ou surlendemain de la finale de la Coupe Stanley. Les directeurs généraux auront alors le même nombre de jours pour s’organiser et étudier leurs options.
Du coup, finie la course à la médiocrité! Pour paraphraser le célèbre Augusto Ricochet (les vrais savent) :
- Finito, les partisans qui réclament des défaites et qui pleurent lors de victoires!
- Finito, les ventes de feu comme l’ont fait les Blackhawks en vue du dernier repêchage!
- Finito, les plans de reconstruction suivis tellement à la lettre que ça va foirer après 7 ou 8 ans!
- Finito, la culture perdante!
- Finito, les chroniqueurs qui refusent que les équipes en reconstruction utilisent des raccourcis – les Nordiques ont fini leur reconstruction en 7 ans et non 10, grâce à… un raccourci! (L’échange d’Eric Lindros)
- Finito, les GIFs animés de chars d’assaut qui polluent les réseaux sociaux!
- Finito, les entraîneurs-chefs qui se croient dans une ligue de développement, ou qui vont à la guerre avec des tire-pois, alors que ce n’est pas leur faute, et qui se font congédier quand même!
- Finito, les Renaud Lavoie de ce monde qui à la fin février déplorent que les Canadiens gagnent trop!
- Finito, les joueurs et partisans habitués à la défaite et qui ne parlent plus de gagner, mais de perdre honorablement! (Guy Lafleur doit se retourner dans sa tombe…)
- Finito, les belles théories évoquées sur les réseaux sociaux par des gens qui se croient meilleurs que les directeurs généraux, et qui ridiculisent ceux qui n’adhèrent pas auxdites théories!
- Finito, le manque de confiance envers le travail de l’équipe de recrutement! Ils sont payés pour trouver les meilleurs joueurs à sélectionner peu importe le rang. Laissez-les faire leur travail!
- Finito, les longues reconstructions qui finissent toujours par faire rager les partisans!
- Finito, la cohorte de partisans qui sont fâchés que le joueur pour lequel ils s’astreignent à ce fichu narratif pendant des mois n’est pas sélectionné, au point où certains ont envoyé à David Reinbacher des messages haineux l’été dernier.
- Finito, le tanking!
Bien sûr, on garde l’ordre habituel et les droits d’échanger les choix pour les rondes 2 à 7. La première ronde étant désormais présentée la veille des suivantes, le spectacle s’en verra grandement amélioré.
Match des étoiles
Avant de l’éliminer, et à la lumière de ce que j’ai vu hier et aujourd’hui, je changerais la formule :
- On enlève le repêchage du vendredi soir : sérieusement, c’est pitoyable! Nick Suzuki, capitaine des Canadiens, a été choisi dans les deniers. Je veux qu’on revienne à une équipe par divison pour un tournoi, ou carrément deux équipes pour les deux conférences comme dans le bon vieux temps.
- Inclure de nouveau tous les joueurs aux épreuves d’habiletés: quoi, il n’y avait qu’une partie des joueurs invités? Inadmissible. J’aurais voulu voir Nick Suzuki à l’oeuvre.
- On s’assure que toutes les équipes ont un représentant : c’est indécent de voir que les champions de la Coupe Stanley n’ont personne cette année à cause de l’opération subie par Jack Eichel. Ils n’ont pas pensé à inviter Jonathan Marchessault, le récipiendaire du Conn-Smythe l’été dernier? Comme solution, que la ligue ait une liste de frappeurs de relèves pour chaque équipe advenant une blessure.
- Combiner entièrement la LNH et la LPHF dans un seul week-end des Étoiles : j’ai apprécié que les femmes participent à une confrontation 3 contre 3, mais pourquoi ne pas avoir et les hommes et les femmes dans le concours d’habiletés? Ce serait plus intéressant.
Cela étant dit, nous avons tous nos idées pour améliorer notre sport préféré. Mais bon, si certaines de mes suggestions sont appliquées un jour, ça ne peut que changer les choses, j’espère pour le mieux.