J’avoue que cette nouvelle de la santé du DG des Canadiens, sortie vendredi dernier, m’a carrément fait flipper : Marc Bergevin atteint de la COVID-19, et pis encore, ça l’a frappé d’aplomb…
Si d’une part ça m’a inquiétée de savoir qu’il ne l’a pas eue facile au début de sa quarantaine, d’autre part il est clair que de s’être fait vacciner au printemps dernier lui a évité le pire (se retrouver aux soins intensifs)… Dieu bénisse les scientifiques qui ont mis au point les vaccins disponibles sur le marché contre ce fichu coronavirus!
Mais ce qui m’inquiète le plus ces jours-ci concernant M. Bergevin, beaucoup plus que la maladie, c’est qu’il n’a toujours pas de nouveau contrat à la tête de son équipe… Pourquoi? Que lui reproche-t-on? Les Canadiens se sont rendus en finale de la Coupe Stanley, ce n’est pas normal qu’on ne sécurise pas sa signature rapidement, comme lui a sécurisé rapidement celle de Dominique Ducharme comme entraîneur-chef.
Doit-on pointer du doigt la bipolarité de beaucoup (trop!) de partisans de l’équipe et des journalistes qui s’en font l’écho? C’est vrai que ces jours-ci on ne réclame que le congédiement de Dominique Ducharme – qui n’a rien à se reprocher –, l’échange de plusieurs joueurs et une reconstruction totale, processus débutant naturellement par la mise au rancart de Bergevin lui-même, et qui retarderait de plusieurs années la possibilité d’une Coupe Stanley, alors qu’on a été si près en juillet dernier…
Vous voulez mon avis? Il y a une expression anglaise qui illustre parfaitement ma lecture de la situation : Be careful what you wish for. Oui, faites très attention à ce que vous voulez.
En ce moment, il y a plusieurs blessés, Cary Price est dans un processus de réintégration dans l’équipe après avoir passé un mois à l’écart grâce au programme d’aide aux joueurs de la LNH/AJLNH, et le début de saison pénible a diminué la valeur marchande – oui, disons-le! – de beaucoup de joueurs de l’équipe, ce qui fait en sorte que la moindre transaction sera à l’avantage de quiconque fera affaire avec le directeur général des Canadiens. Il est sûrement très conscient de la situation, et je salue son intention de ne pas hypothéquer l’avenir de l’équipe.
Vouloir une reconstruction est un processus très risqué qui pourrait même engendrer encore plus de frustration chez les partisans qui la réclament pourtant, car il faudra accepter plusieurs années de vaches maigres sans garantie de résultat. Je sais que les Nordiques sont passés par là il y a une trentaine d’années, mais à Québec qu’y avait-il à part de la LNH? Pas grand-chose sur le plan sportif. En fait, les Nordiques avaient carrément le monopole dans la grande région de Québec! Les Remparts de Québec (LHJMQ), les succès du Rouge et Or de l’Université Laval au football et les Capitales de Québec sont arrivés après le déménagement de la franchise au Colorado, et pas avant. Les Canadiens ont-ils cette chance? Non, car il y a :
- La LHJMQ, dont le calibre est beaucoup plus fort que du temps de Guy Lafleur
- Le football universitaire, avec comme grandes équipes le Rouge et Or (Université Laval) et les Carabins (Université de Montréal)
- Le CF Montréal (anciennement l’Impact), au soccer de la MLS
- Les Alouettes de Montréal, de la LCF
- Les Sénateurs d’Ottawa, qui sont à une heure de route de Montréal et dont les billets coûtent moins cher que pour aller au Centre Bell
- Les Blue Jays de Toronto (MLB)
- Les Raptors de Toronto (NBA)
Le Centre Bell, ces jours-ci, n’est pas plein… À mes yeux, c’est un avertissement, rien de moins. Si c’est un avant-goût de ce qui attend le Groupe CH advenant une reconstruction, et cela pour plusieurs années, ça ne va pas être bon. Si les commanditaires se poussent parce que l’équipe ne va pas bien, ça ne va pas être bon. Et si les loges corporatives ne se vendent plus aussi facilement, eh bien ce sera la totale.
Et je ne vous ai pas parlé de la merch (articles promotionnels)… Moins de marqueurs + moins de victoires = moins de gilets, tee-shirts et autres trucs vendus à la boutique Tricolore Sports, hélas c’est mathématique. L’équipe sera donc dans une situation plus que précaire, et je vous le dis, je ne le souhaite pas à Geoff Molson, le propriétaire, ni à France Margaret Bélanger, la nouvelle présidente du Groupe CH.
C’est pourquoi je crois qu’on devrait attendre avant de réclamer l’appui du bouton panique. Je dirais même plus, pourquoi réclamer une reconstruction… quand l’équipe se sort de la toute dernière entreprise il y a 3 ans?
Cet article du Hockey Herald remet les choses en perspective. Je vous recommande d’en faire la lecture. Après l’avoir bien lu, considérant les choix au repêchage qui sont en train de se développer et de s’illustrer, je comprends que la situation de l’équipe est beaucoup moins pire qu’elle en a l’air. Au fond, c’est aux joueurs de l’équipe d’y remédier, en cessant d’avoir peur et en jouant plus intensément, afin que Dominique Ducharme puisse, comme il le dit si bien, «bâtir là-dessus». Ce serait dommage que, pour satisfaire les chialeux, on laisse partir Marc Bergevin alors qu’il commence à récolter le fruit de son travail des dernières années.
Personnellement, je ne veux pas qu’il s’en aille. Avoir dans le contexte actuel un nouveau directeur général dans l’organisation, qui devra apprendre le métier sur le tas sans connaître l’équipe comme le fond de sa poche, est un pari très risqué. Il pourrait soit faire du pouce sur le travail de Bergevin, soit se croire le meilleur et faire ses transactions à la va-comme-je-te-pousse, donnant des résultats soit bons, soit mauvais. C’est pourquoi je souhaite de la stabilité « au 7e étage » et une bonne nouvelle dès que possible concernant M. Bergevin.
Je suis contente, à la lumière de cet article, de voir qu’il commence à y avoir des gens qui s’élèvent contre ce lynchage public d’un homme de hockey de qualité comme Marc Bergevin. Je confesse avoir chialé et critiqué certaines de ses décisions, mais dernièrement j’en ai appris plus sur lui et ce qu’il fait non seulement au hockey, mais pour la communauté. Je m’en veux de l’avoir jugé. Il mérite notre gratitude, pas une volée de bois vert.
Oui, cette possibilité qu’il s’en aille me brise le cœur big time! Il a tellement fait pour l’organisation. Au moins qu’on le garde encore quelques années, qu’il puisse continuer à récolter le fruit de son travail. Et former SA relève sous SA gouverne. On chiale, mais on sort à peine d’un reset et on commence à avoir de la relève y compris derrière le banc (j’adore Dominique Ducharme!). Ce serait une erreur grave de tout péter. Pourquoi sommes-nous collectivement aussi bipolaires, aussi chialeux? Notre chialage pourrait avoir des conséquences funestes sur l’organisation… et nous faire chialer encore plus. Bel article, donc, qui a remis les choses en perspective. Bravo!
Je m’adresse donc à Geoff Molson : SVP, ne faites par le radin avec Marc alors que l’équipe est à la croisée des chemins, il y a un monde de différence entre un directeur général qui a dix ans d’expérience derrière la cravate et connaît votre équipe sous toutes ses coutures jusqu’à ses filiales à Laval et Trois-Rivières, et une recrue qui prendra du temps à connaître l’organisation et pourrait faire des erreurs qui repousseraient de plusieurs années la conquête de la 25e Coupe Stanley tant désirée par les amateurs, et moi la première maintenant que je me suis attachée. Avant de connaître un peu plus l’art de la négociation, j’étais la première à dire que Marc Bergevin devrait se contenter du même salaire, mais aujourd’hui je reconnais que ça ne se fait pas, surtout pas avec lui. Son expertise a un prix, et mérite une hausse de salaire. Ce n’est donc pas le temps de faire la fine bouche, et je considère que de payer Marc à sa juste valeur sera beaucoup plus payant à moyen et long terme que de le remplacer à moindre prix. C’est pourquoi je vous demande de bien vouloir rappeler Marc et lui offrir ce qu’il veut.
Je termine en souhaitant à Marc Bergevin un prompt et complet rétablissement. Revenez-nous en forme, et pour longtemps dans l’organisation!